Salim Boulaich, fondateur de Pabete : « La solidaritĂ©, l’accessibilitĂ© et la confiance sont au cƓur de notre concept »

Pabete, la plateforme qui aime les bĂȘtes

Lorsque j’ai dĂ©couvert Pabete, j’ai trouvĂ© le concept gĂ©nial. 

J’ai aussitĂŽt pensĂ© Ă  mes amis qui, comme chaque annĂ©e avant les vacances, se retrouvent face au mĂȘme problĂšme: OÙ et comment faire garder leur animal en toute sĂ©curitĂ© et sans se ruiner?

C’est Ă  ce casse-tĂȘte que rĂ©pond Pabete, une solution novatrice portant de belles valeurs. 

Pabete est une plateforme collaborative de garde pour animaux entre particuliers amoureux des bĂȘtes. 

Sa particularitĂ© ? Elle fonctionne selon un systĂšme de troc et de monnaie virtuelle pour ĂȘtre accessible Ă  tous.

C’est la 1Ăšre plateforme du genre en France et qui joue un rĂŽle essentiel contre l’abandon d’animaux. 

Impossible, donc, de ne pas vous en parler ! 

Je suis heureuse d’avoir pu discuter avec son fondateur, Salim Boulaich, qui a acceptĂ© de nous raconter cette belle aventure.

1. Peux-tu nous parler de ton parcours ? Comment en es-tu venu à créer Pabete ?


S.M: Je suis titulaire d’un diplĂŽme d’ingĂ©nieur en informatique de gestion. À mes dĂ©buts, j’ai travaillĂ© dans de grands groupes avec des projets assez consĂ©quents. J’ai Ă©tĂ© chef de projet mais ce n’est pas ce que j’ai prĂ©fĂ©rĂ© car avec des projets de cette taille, on ne voit ni l’utilitĂ© ni les fruits de son travail.


J’ai plutĂŽt une fibre d’entrepreneur. Avant Pabete, je me suis lancĂ© dans les huiles du monde en travaillant principalement avec des coopĂ©ratives. Ça n’a pas marchĂ© parce que les cosmĂ©tiques sont un secteur trĂšs complexe et rĂ©glementĂ©, et je n’avais pas fait mes recherches avant. C’était une erreur de dĂ©butant mais ça m’a appris beaucoup de choses!


Puis, il y a 2 ans, j’ai créé Pabete. L’idĂ©e m’est venue Ă  l’occasion d’une dĂ©convenue. Je suis propriĂ©taire d’une chienne et j’avais pour habitude, comme beaucoup d’entre nous, de la confier Ă  mes proches lorsque je partais en vacances. Mais ce cercle n’étant pas toujours disponible, j’ai dĂ» faire appel Ă  un professionnel pour garder ma chienne. Au bout de 3 semaines de garde, lorsque je l’ai rĂ©cupĂ©rĂ©e, j’ai constatĂ© une fois arrivĂ© chez moi qu’elle avait des plaies sur la peau. Lorsque j’ai demandĂ© au responsable des explications, il a dĂ©clinĂ© toute responsabilitĂ©, je n’ai jamais eu d’explications.


C’est lĂ  que je me suis dit pourquoi ne pas proposer une solution en ce sens, peu onĂ©reuse et basĂ©e sur la confiance. En faisant mes recherches, j’ai constatĂ© que prĂšs de 70% des gens ayant des animaux privilĂ©giaient leurs proches pour des soucis de confiance et financiers. En gĂ©nĂ©ral, il faut compter entre 8 et 25 euros par jour pour faire garder son animal. Or, il n’existe pas de systĂšme de garde d’animaux entre personnes de confiance et Ă  prix accessible. Beaucoup de gens ne peuvent pas se permettre de faire appel Ă  ces services, ce qui complique les choses et peut amener parfois Ă  des abandons.


2. Quelle est la mission de Pabete et comment ça fonctionne?

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S.M: Pabete est une plateforme collaborative de garde d’animaux de compagnie entre particuliers. L’objectif est de rendre accessible la garde d’animaux à tous, pour tous les budgets, entre gens de confiance et de lutter contre l’abandon.


Le fonctionnement est simple. Comme toute plateforme sur internet, il faut s’inscrire et complĂ©ter son profil. L’accĂšs est gratuit.


On demande Ă  chaque nouvel utilisateur de nous fournir des justificatifs pour valider son identitĂ©. C’est un critĂšre trĂšs important pour nous si on veut Ă©tablir un cadre de confiance et de bienveillance pour confier nos animaux.


La plateforme fonctionne avec une monnaie interne, les « bĂ©bĂȘtes », selon un systĂšme de troc. Chaque bĂ©bĂȘte coĂ»te deux euros et correspond Ă  une journĂ©e de garde. Pour avoir des bĂ©bĂȘtes, il suffit soit de payer, soit de garder Ă  son tour l’animal d’un membre de la communautĂ©. Si une personne veut faire garder son chien pendant 3 jours, elle doit donner 3 bĂ©bĂȘtes, ce qui Ă©quivaut Ă  6 euros. La personne qui a gardĂ© l’animal et qui reçoit les bĂ©bĂȘtes peut Ă  son tour faire garder son animal pendant 3 jours, gratuitement.


3. Comment vous vous rémunérez avec ce systÚme de troc ? Quel est votre business model ?

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S.M: Actuellement, je fais tourner la boutique avec mes propres fonds car pour l’instant, nos rentrĂ©es d’argent grĂące aux bĂ©bĂȘtes sont encore symboliques. La plateforme compte aujourd’hui quelques milliers de personnes, ce qui n’est pas suffisant pour engendrer des rĂ©munĂ©rations, mais je ne suis pas inquiet.


Notre communautĂ© grandit de jour en jour et est de qualitĂ©, c’est ce qui m’intĂ©resse le plus.

 

Pour rĂ©pondre Ă  ta question, notre business model tourne principalement autour de notre systĂšme de monnaie interne. Cela peut Ă©ventuellement Ă©voluer avec le temps vu que nous avons encore plein d’idĂ©es dans les cartons, mais ça restera en parfaite cohĂ©rence avec mes valeurs et celles partagĂ©es avec les adhĂ©rents.


Ce qui est certain, c’est que nous placerons toujours le bien-ĂȘtre animal au centre de notre dĂ©marche.


4. Comment faites-vous générer cette confiance et la mettre en avant?


S.M: On opĂšre une sĂ©lection dĂšs l’entrĂ©e dans la plateforme. À chaque inscription, on demande des piĂšces justificatives : piĂšce d’identitĂ© et justificatif de domicile. Cette condition permet d’effectuer un premier tri des personnes qui ont vraiment envie de s’engager dans cette plateforme.


Ensuite, on a mis en place, comme la plupart des plateformes, un systĂšme de notation avec avis et recommandations.


Enfin, nous faisons trĂšs attention aux Ă©changes qui s’opĂšrent sur la plateforme. DĂšs que nous avons un doute, nous entrons en contact avec la personne pour Ă©changer avec elle sur ses motivations et sur son expĂ©rience avec les animaux.


La plateforme accueille des gens qui ont dĂ©jĂ  des animaux et d’autres qui n’en n’ont pas mais qui ont envie de garder des animaux. Pour la 1Ăšre catĂ©gorie, il est trĂšs facile de voir le rapport qu’ils ont avec leurs animaux, notamment dans la maniĂšre qu’ils ont de le dĂ©crire. Pour les gens qui n’ont pas d’animaux, on Ă©change systĂ©matiquement avec eux.


5. Comment avez-vous recruté vos premiers utilisateurs ?

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S.M: Quand la plateforme Ă©tait prĂȘte, on a fait un salon animalier pour se faire connaĂźtre. L’erreur qu’on a commise, c’est qu’on a pas fait de version beta avant ! AprĂšs quelques jours, on s’étonnait de ne voir personne s’inscrire, jusqu’à ce qu’une personne nous appelle pour nous dire qu’il y avait un problĂšme Ă  l’inscription. Et effectivement, il y avait un problĂšme avec le code, ça la fout mal !


Peu aprÚs, on a été pas mal dans les médias, ce qui nous a ramené des utilisateurs, et le bouche à oreille fonctionne bien. Nous accueillons chaque jour de nouveaux membres.


Nous n’avons pas spĂ©cialement mis en place de stratĂ©gie de communication. D’abord parce que nous ne sommes que deux et nous n’avons pas le temps de nous y atteler. On communique sur les rĂ©seaux sociaux, mais ça reste un minimum et on a 2 ou 3 trucs qui fonctionnent bien pour amener de nouveaux utilisateurs, mais ça, on le garde pour nous !


6. Comment faites-vous pour maintenir cette communautĂ© d’utilisateurs active et favoriser la rĂ©tention?

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S.M: On Ă©change beaucoup avec eux, dĂšs le dĂ©but. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle notre dĂ©veloppement se fait lentement, car on passe beaucoup de temps sur le recrutement des nouveaux membres. La confiance est au cƓur de notre activitĂ©, et on veut des gens qui partagent les mĂȘmes valeurs et la mĂȘme philosophie que nous, Ă  savoir, l’amour des animaux et la solidaritĂ©.


Nous n’avons pas encore les ressources humaines pour faire face Ă  une croissance rapide d’utilisateurs. On privilĂ©gie donc un dĂ©veloppement slow pour vraiment prendre le temps de construire des relations de confiance avec notre communautĂ©.


Et ça marche plutĂŽt bien : les gens sont trĂšs actifs sur la plateforme, et nous avons beaucoup de retours de leur part. Ils nous permettent d’amĂ©liorer les fonctionnalitĂ©s, nous donnent de nouvelles idĂ©es, c’est trĂšs riche.


Je pense que cet engagement de la communautĂ© est principalement dĂ» au fait qu’il ne s’agisse pas d’une plateforme commerciale et que tout le systĂšme soit basĂ© sur la solidaritĂ©.


7. Quelles sont les erreurs que tu as commises ?

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S.M: La plus grosse erreur que j’ai commise est de vouloir ressembler Ă  nos concurrents. On a Ă©normĂ©ment pivotĂ© Ă  cause de cela et perdu plus de six mois. 


Au dĂ©but, on avait mis en place un systĂšme d’abonnement et d’autres fonctionnalitĂ©s inutiles, mais ça ne correspondait pas Ă  l’esprit de la plateforme et aux valeurs que l’on voulait mettre en avant. On voulait rendre la garde d’animaux accessible Ă  tous tout en maitrisant la qualitĂ© des prestations.


Nous nous sommes donc focalisé sur ce qui nous définit, et nous avons gagné en force, malgré notre jeune ùge.


Nous menons des actions formidables auprĂšs des associations de protection animale.


8. Peux-tu nous donner des exemples d’actions que vous avez menĂ©es ?

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S.M: Pendant le 1er confinement, nous avons ouvert l’accĂšs Ă  la plateforme au personnel soignant et Ă  toute personne touchĂ©e de prĂšs ou de loin par le virus, pour leur venir en aide. Pendant cette pĂ©riode, on a vu le nombre d’abandon d’animaux augmenter parce que les gens avaient peur qu’ils leur transmettent le virus... On a Ă©galement vu des personnes dĂ©sinfecter les pattes de leur chien et chat avec des produits chimiques, notamment avec de l’eau de javel ou du gel hydro-alcoolique, une vraie catastrophe !


Face Ă  ces constats, nous avons menĂ© une incroyable campagne pour faire face Ă  ce type « inconscient » de maltraitance. Beaucoup d’associations notamment la SPA nous ont contactĂ© pour les aider Ă  prendre en charge des animaux qui se sont retrouvĂ©s du jour au lendemain seuls, soit Ă  cause des hospitalisations de leurs maĂźtres ou pour d’autres raisons.


GrĂące Ă  notre communautĂ©, nous avons sauvĂ© des centaines d’animaux. Ça peut paraitre peu mais pour nous, c’est juste Ă©norme !


Nous continuons notre mobilisation sur cette 2Úme vague et nous espérons relancer un nouvel élan de solidarité autour de Pabete pour venir en aide aux animaux, véritables victimes collatérales de ce virus et dont on ne parle pas assez.



Intéressé.e par la plateforme ? Vous souhaitez apporter votre aide à des maßtres et animaux en détresse? Vous pouvez vous inscrire directement ici : https://pabete.com/inscription-pabete.php


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