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Arthur Auboeuf, co-fondateur de Time for the Planet : " Nous voulons créer un mouvement mondial de lutte contre le réchauffement climatique par l'entrepreneuriat "

Interview d'Arthur Auboeuf,

co-fondateur de Time for the Planet

Time for the Planet est une société à but non lucratif qui a pour mission de lutter à grande échelle contre le réchauffement climatique grâce à l’entrepreneuriat.

Son objectif ? Rassembler 1 milliard d’euros pour créer 100 entreprises innovantes proposant des solutions en open source contre le dérèglement climatique. 

Plus qu’un concept, c’est un mouvement qui rassemble aujourd’hui scientifiques, entrepreneurs et citoyens autour d’un projet fédérateur. 

Tout le monde peut devenir actionnaire et prendre part à la lutte. 

En quelques mois seulement, Time for the Planet a remporté un large succès, rassemblant plusieurs milliers de personnes autour de leur cause et une communauté fortement engagée.

Dans cette interview, Arthur nous parle de son parcours, du projet Time for the Planet et nous livre ses conseils pour créer une communauté engagée.

Peux-tu nous présenter ton parcours ? Comment en es-tu venu à co-fonder Time for the Planet ?


Rien ne me prédestinait à être entrepreneur. A la base je viens du sport ! J’ai été en fac de STAPS et comme j’avais beaucoup de temps libre, j’ai créé en parallèle de mes études des communautés sur les réseaux sociaux qui ont rapidement rassemblé des centaines de milliers puis des millions d’utilisateurs. Puis j’ai eu l’idée de transformer ces communautés en médias avec des sites internet et applis smartphone pour les monétiser avec des annonceurs et de la pub.


Ensuite, j’ai monté des boîtes dans des services (apps de dating, de jeux, micro événementiel…) avant de finir par la case co-gestion de la partie Europe du réseau social américain Triller, qui compte aujourd’hui des centaines de millions d’utilisateurs.


Comme tu le vois, c’est un parcours purement digital mais très éloigné de ma nature profonde. J’ai grandi à la campagne et je me sens plus proche de la nature. J’ai eu vite besoin de me recentrer sur mon ADN. J’ai donc tout arrêté début 2019 et j’ai cherché à mettre plus de sens dans ce que je voulais faire et être plus aligné avec les enjeux du siècle.


En cherchant, je me suis aperçu que le problème du réchauffement climatique et de l’écologie en général est qu’on n’y associe pas de réalité et de modèle économique, ce qui nuit à sa crédibilité. Si on veut que les gens s’impliquent, il faut pouvoir les payer. On doit donc trouver des modèles qui allient écologie, économie et qui fonctionnent.


J’avais donc l’idée de créer un startup studio qui détecterait des innovations durables avec un réel impact et qui seraient viables économiquement.


Puis j’ai rencontré les autres co-fondateurs de Time for The Planet, Nicolas et Mehdi.




Comment est née l’idée de Time for the Planet ?


Nicolas et Mehdi avaient eu cette idée depuis 10 ans déjà. Il sont très social business et avaient imaginé le process de Time pour du social. Mais avec l’ampleur de la crise climatique, ça s’est transformé en « environmental business », si on peut dire ça comme ça. On s’est tous rejoint autour d’un embryon d’idées qu’on a brainstormées et c’est comme ça que TFP est né.



Peux-tu nous expliquer en quoi consiste Time for the Planet?


Time est une entreprise qui crée des entreprises, paramétrées de A à Z pour lutter contre le réchauffement climatique. Leur mission unique est d’avoir le plus gros impact positif possible au regard des émissions de gaz à effet de serre. En ce sens, on vise la performance environnementale avant la performance économique.


Pour cela, on va détecter des innovations à impact, surtout scientifiques et technologiques, qui participent à réduire ou absorber les gaz à effet de serre. Ca peut être du High Tech comme du Low Tech et parfois même du No Tech.


Une fois ces innovations trouvées, on leur dédie des équipes d’entrepreneurs pour pouvoir les déployer, trouver des modèles économiques, les transformer en entreprises pour qu’elles puissent grossir.


Notre rôle est de chapeauter ces 2 parties et d’injecter de l’argent pour que le déploiement et le développement s’accélèrent en imposant l’Open Source. L’open Source est le cœur du réacteur chez nous. On n’a plus beaucoup de temps pour agir et il faut que les entreprises qu’on crée puissent être démultipliées partout et que les personnes qui ont envie de développer ce même type d’entreprise puissent le faire. Il est nécessaire d’être un maximum dans le partage.



Comment vous faites pour sélectionner ces innovations ?


On a un réseau d’évaluateurs qu’on est en train de constituer via une plateforme sur notre site. Il est composé d’experts de différents domaines scientifiques, technologiques, des ingénieurs.


Ils donnent leur avis sur les innovations qui sont bonnes et passables à l’échelle. C’est un critère important car on donne à nos associés un TRP : Taux de Retour pour la Planète (et non un Retour sur investissement) et on tient à leur retourner le plus faut taux possible.


On fait alors passer la 1ère sélection devant un Comité d’experts Fixe, composé de pointures qui connaissent bien le sujet et qui doivent attester que ces innovations sont viables et peuvent passer à l’échelle.


Après ce 2ème tri, on fera un test des modèles économiques avec des phases de Growth Hacking : on va vendre avant même de lancer le projet, c’est à dire qu’on va vendre un produit qu’on aura fait exister fictivement avec un site web, un design pour s’assurer qu’on trouve le bon business model.


Et enfin, après cet écrémage, on arrive à une dernière étape qui est le vote éthique avec tous nos associés où chacun va voter. Une manière de faire appel à la sagesse des foules car les gens peuvent voir des choses qu’on n’aura pas vues. 



Comment avez-vous fait pour vous faire connaître ?


En décembre on a organisé une conférence pour présenter Time dans les grandes lignes. On a fait un POC (Proof of Concept) en disant « Luttez contre le réchauffement climatique, pas contre l’entrepreneuriat » !


Il y a 250 mecs qu’on ne connaissait pas qui se sont pointés et on leur a expliqué Time. Ça a pris, on a vite atteint 150 actionnaires sauf qu’on n’était pas du tout structurés à l’époque, on avait juste le discours ! On a dû s’organiser pour être prêts à communiquer dès le mois de février. On a fait une vidéo où j’ai expliqué Time sur les réseaux. A ce moment là on était un peu plus en place pour accueillir les nouveaux actionnaires et commencer à vraiment communiquer.



Vous avez réussi à créer un véritable effet boule de neige depuis. Quelle a été votre stratégie pour générer autant d’engagement et d’engouement autour de ce projet ?


Si j’ai retenu une chose des communautés, c’est qu’il ne faut pas penser que c’est tel ou tel canal qui va nous aider à grossir. La recette n’est pas dans les techniques, elle est dans le fait de dire très clairement aux gens ce que tu fais, et surtout leur donner les moyens de l’exprimer extrêmement facilement. Il faut un bon mélange de wording et design.


Le gros travail été de se dire comment mettre à la disposition des gens des contenus qui puissent leur permettre d’exprimer ce qui les a poussé à nous rejoindre ou ce qu’ils ont aimé chez nous en 1 clic. Si tu fais ça,  ça fonctionne.


Ça passe par des petits hacks comme par exemple sur Linkedin où les gens partagent un visuel qu’on met à leur disposition pour dire qu’ils sont devenus actionnaires.


Et puis il y a aussi le facteur timing qui est un ingrédient très important: on est arrivé au bon endroit au bon moment, celui où tout le monde a pris conscience de l’urgence climatique. C’est devenu une priorité des français, c’est quand même dingue quand tu y penses !


On a aussi écouté les gens, ce qui est très important : il y a eu beaucoup de personnes qui nous ont demandé s’ils pouvaient partager des actions de time, ce qui a donné ces outils qu’on a mis à leur disposition.



Vous avez réussi à créer un véritable sentiment d’appartenance, comment tu expliques ça ?


Je ne sais pas trop…Il faut être très empathique et sincère pour créer une communauté, et ça je pense que ça se sent. Au début on a créé des vidéos pour dire où on en était, quand on galérait et que c’était difficile, et ça, ça touche les gens qui ont envie d’aider.


Je pense qu’on est aussi allé cherché des gens sur Linkedin qui ont un niveau d’éducation important : ils ont envie de s’impliquer parce qu’ils sont dans des sphères qui leur permettent de le faire.


Il y aurait peut-être aussi un 2ème argument : le sujet est tellement conflictuel, culpabilisant, déconnecté de la réalité et où ça se tire dans les pattes, ça ne marche pas. Nous, on se positionne avec un objet commun et le fait de dire qu’on va le faire ensemble, ça crée ce sentiment d’appartenance parce que c’est ce que les gens veulent. Peut être qu’on a réussi à prendre cette fenêtre de tir qui fait qu’on ne se tire pas dessus et qu’on y va ensemble. En tous cas j’espère que c’est ça !


Comment est-ce que vous faites pour communiquer avec cette communauté et maintenir le lien ?


On fixe des RDV : 1 fois par mois on fait une vidéo qui explique tout ce qu’on a fait. Je pense que les gens ont besoin de voir comment ça avance ;


Ensuite on essaie de communiquer un max sur les réseaux sociaux : 1 publication par jour, qui permet de montrer qu’on est actifs, que ça avance.


Et puis c’est aussi inhérent à ce qu’on fait, c’est ce que j’ai appris avec les apps mobiles : il faut engager les gens si on veut qu’ils soient les ambassadeurs. Et pour les engager quoi de mieux que de leur dire « mettez de l’argent, vous n’aurez aucun retour sur investissement » !


Après il faut qu’on soit sincère quand on fait ça. On est bénévoles, on ne gagne aucune tune, on bosse à côté, ce qui fait que les gens se disent qu’on est sincères.



Si tu pouvais remontrer le temps, qu’est ce que tu ferais différemment ?


Ouh la, pas facile comme question, on a été tellement pris dans une tornade depuis le début ! Je réfléchis un peu…


Je pense que j’aurais fait plus attention à créer des contenus qui viennent directement des gens, c’est important pour que le sentiment d’appartenance soit encore plus fort, que les gens voient qu’ils sont sollicités et impliqués pour créer le contenu.


On a eu des témoignages d’associés qu’on a publié nous-même mais ça doit donner l’impression que c’est orchestré. Si on avait proposé à tout le monde de le faire, ils pourraient penser qu’ils auraient pu être à la place de cette vidéo.



A part investir dans Time for the Planet, comment les gens peuvent vous aider ?


On a déjà plus de 1000 propositions de gens qui veulent nous donner des coups de main. Au début on a eu du mal à structurer ça mais on a fini par trouver un système horizontal qui permet à qui veut de participer en mode projet : on crée des Planètes qui réunissent des gens ayant des compétences communes ou des attributs communs (par exemple la Planète Juriste ou la Planète Aix en Provence). Ceux qui veulent nous aider viennent dans cette planète.


Dans ces planètes sont initiées des comètes qui ont une naissance, une existence et une mort : ce sont les projets. Elles permettent de s’impliquer à son échelle, quand on en a envie, à son initiative ou non.


Chaque personne qui veut agir et amener sa compétence est un Quark, la plus petite particule de l’univers, et celle qui est plus sur l’aspect humain et qui veut piloter les comètes, accueillir les gens qui arrivent, sont des gluants (ce qui permet à la matière d’être unie).


Pour rejoindre ce réseau, il faut aller sur le site, cliquant sur « J’agis » et on choisit la compétence.


Tes conseils pour créer une communauté engagée :



 - Avoir un discours très clair.


 - Savoir matérialiser ce discours avec des contenus tout aussi clairs qui permettent aux gens d’exprimer en un seul clic = donner les moyens aux gens de s’exprimer. Nous on a pris le top 10 des gens qui expliquaient Time et toutes les personnes qui rejoignent Time peuvent aller dans le dossier et faire un copier coller. C’est la clé des clés.


 - Communiquer avec elle, créer des RDV, faire des vidéos qui permettent de faire ressentir les émotions, ce qui n’est pas évident avec des textes, faire des wébinaires (ça permet vraiment aux gens de poser des questions et de pouvoir en parler à leur tour).


Cette interview est une retranscription de nos échanges.

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